Après avoir été forcés à quitter leurs terres natales, de nombreux
Amérindiens durent faire face à une vie beaucoup plus dure. A partir de
la première moitié du 19e siècle, la politique fédérale dicta que
certaines tribus devaient être limitées à des parcelles de terre fixes
afin de poursuivre leurs modes de vie traditionnels.
Les
problèmes liés à cette approche étaient multiples. Outre la question
morale de priver un peuple de vivre sur sa terre historique, de nombreux
problèmes économiques s’abattirent comme un fléau sur les réserves. Les
tribus nomades perdirent tous leurs moyens de subsistance en se
retrouvant limités à un endroit fixe. Les fermiers se retrouvèrent sur
des terres impropres à l’agriculture. Beaucoup d’entre eux ne
bénéficiait pas du savoir-faire leur permettant de construire des
systèmes d’irrigation complexes. Des tribus ennemis se retrouvèrent
souvent forcées à vivre à proximité les unes des autres.
Confrontés aux maladies, à l’alcoolisme et au désespoir dans les
réserves, les fonctionnaires fédéraux changèrent de direction avec la
loi de réorganisation indienne de 1887 appelée ‘Dawes Act’. Chaque
famille amérindienne se vit offrir 160 acres de terre tribale à posséder
librement. Bien que ces terres ne pouvaient pas être vendues pendant 25
ans, ces nouveaux propriétaires fonciers ne pouvaient pas les cultiver à
but lucratif comme les autres fermiers de l’Ouest.
Le Congrès
espérait que ce système mettrait fin à la dépendance des tribus sur le
gouvernement fédéral, permettrait aux Indiens de prospérer
individuellement et inciterait les Indiens à adopter le style de vie
américain. Après 25 ans, les participants deviendraient des citoyens
américains.
La loi Dawes connut une grande résistance. Les chefs de tribus
prédirent avec elle la fin de leurs anciennes traditions et une nouvelle
perte de leurs terres communales. Lorsque certains individus
s’essayèrent à ce nouveau mode de vie, ce fut souvent sans succès. Une
expertise considérable était nécessaire pour cultiver les terres de
l’Ouest. Sans cette connaissance, beaucoup dépendaient toujours de
l’assistance du gouvernement.
La loi Dawes fut un désastre absolu
pour les tribus. En 1900, le territoire possédé par les tribus
amérindiennes ne représentait plus que la moitié de ce qu’il était en
1880. Les territoires non attribués à des propriétaires individuels
furent vendus à des entreprises de chemin de fer et des colons de l’Est.
Les titres fonciers continuèrent de diminuer au début du 20e
siècle. Lorsque la loi Dawes fut révoquée en 1934, les taux
d’alcoolisme, de pauvreté, d’analphabétisme et de suicide étaient plus
élevés chez les Amérindiens que chez les autres groupes ethniques des
Etats-Unis. Alors que les Etats-Unis se hissaient au rang de puissance
mondiale, les premiers Américains en étaient réduits au désespoir.
Quelques 44 000 Amérindiens servirent dans l’armée des Etats-Unis
pendant la Seconde Guerre Mondiale : à l’époque, un tiers des hommes
indiens valides entre 18 et 50 ans. Décrit comme la première exode
massive des populations autochtones des réserves depuis les déportations
du 19e siècle, le service des hommes dans l’armée américaine lors de ce
conflit international représenta un tournant dans l’histoire
amérindienne. La grande majorité des Amérindiens accueillirent à bras
ouverts cette occasion de servir ; leur taux d’engagement était 40% plus
élevé que celui des soldats mobilisés.
« La guerre », déclara le Commissaire Indien des Etats-Unis en 1945, « a causé la plus grande perturbation dans la vie des Amérindiens depuis le début de l’ère des réserves. Le principal de ces changements a été l’occasion – à la suite des pénuries de main-d’œuvre en temps de guerre – de trouver du travail bien payé dans les villes, et nombreux sont ceux qui ont déménagés vers des zones urbaines, en particulier sur la côté Ouest. »
Sitting Bull et Crazy Horse (environ 1840-77), les chefs des Sioux des Grandes Plaines, résistèrent de toutes leurs forces aux efforts mis en œuvre par le gouvernement américain au milieu du 19e siècle pour confiner leur peuple dans des réserves. En 1875, après que de l’or avait éte découvert dans les Blacks Hills du Dakota du Sud, l’armée américaine ignora les accords conventionnels et envahit la région. Cette trahison conduit de nombreux membres des tribus Sioux et Cheyenne à quitter leurs réserves et ‘`a rejoindre Sitting Bull et Crazy Horse dans le Montana.
A la fin du printemps 1876, plus de 10 000 Amérindiens s’étaient
réunis dans un camp sur les rives de la rivière Little Bighorn –qu’ils
surnommaient l’Herbe Grasse –défiant ainsi l’ordre qui leur avait été
donné par le Ministère de la Guerre américain de retourner dans leurs
réserves au risque d’être attaqués.
A la mi-juin, trois colonnes de
soldats américains s’alignèrent face au camp et s’apprêtèrent à avancer.
Une force de 1 200 Amérindiens força la première colonne à se retirer
le 17 juin. Cinq jours plus tard, le général Alfred Terry donna l’ordre à
la 7e de cavalerie de George Custer de partir en éclaireur. Dans la
matinée du 25 juin, Custer s’approcha du camp et décida de continuer son
avancée plutôt que d’attendre des renforts.
Toujours le 25 juin, à la mi-journée, les 600 hommes de Custer entrèrent dans la vallée de Little Bighorn. Parmi les Amérindiens, la nouvelle d’une attaque imminente se répandit rapidement. Le sage Sitting Bull rallia les guerriers et vit à la sécurité des femmes et des enfants, alors que Crazy Horse partit au front avec une grande force pour faire face aux attaquants. Malgré les tentatives désespérées de Custer de regrouper ses hommes, ils furent rapidement dépassés. Custer et quelques 200 hommes de son bataiilon furent attaqués par pas moins de 3000 Amérindiens. En l’espace d’une heure, Custer et tous ses soldats avaient trouvé la mort.
La Bataille de Little Bighorn, également appelée « Custer's Last Stand » (l’ultime résistance de Custer), fut la victoire amérindienne la plus décisive et la pire défaite de l’armée américaine au cours de la longue guerre indienne des plaines. La mort de Custer et de ses hommes scandalisa de nombreux Américains blancs et confirma l’image de sauvages et de sanguinaires qu’ils avaient déjà des Indiens. Pendant ce temps, le gouvernement américain intensifia ses efforts pour soumettre les tribus à sa domination. En l’espace de cinq ans, presque tous les Sioux et Cheyenne furent placés et confinés dans des réserves.
Dans les années 1800, les Américains voyaient l’Ouest comme la frontière d’un territoire inexploré et inoccupé. Dans les années 1860, la majorité des Amérindiens avait été déportée vers l’Ouest du fleuve Mississippi, conséquence directe de la loi d’expulsion des Indiens signée 30 ans plus tôt. Mais, alors que cette situation réconforta probablement les Américains blancs à l’Est du fleuve, elle posa un véritable problème pour tous les Amérindiens à l’Ouest.
Des tribus entières furent placées de force dans des réserves en échange de promesses de paix, de paiements en espèces et de biens (promesses en grande partie jamais tenues ou n’ayant jamais atteint les tribus à cause d’un système corrompu et d’une surveillance accrue lors de la guerre civile). De plus en plus de personnes se retrouvèrent alors à dépendre d’un territoire et de ressources de plus en plus restreints. Les colons blancs épuisèrent d’avantage les ressources naturelles, comme les terres agricoles, l’eau et le gibier, en particulier les bisons américains qui furent presque exterminés pour leurs peaux. Des millions d’Indiens des Plaines qui dépendaient de ces troupeaux pour leur propre survie se retrouvèrent alors eux aussi en voie d’extinction.
Certaines nations amérindiennes collaborèrent avec les Etats-Unis, alors que d’autres tentèrent de résister. La violence se répandit et escala dans l’Ouest à travers une série de conflits collectivement désignés comme les Guerres Indiennes.
Plusieurs des noms ou des lieux de légende des Guerres
Indiennes impliquent les Indiens sioux lakotas, dont l’histoire est un
parfait exemple des combats de l’époque. Par exemple, les chercheurs
d’or et les colons ouvrirent la Piste Bozeman à travers leur territoire
et s’emparèrent de toutes les ressources qu’ils souhaitaient. En réponse
au conflit inévitable, l’armée américaine vint en 1866 pour chasser les
Indiens et non les colons occidentaux. Un petit groupe de guerriers,
dont le chef indien Crazy Horse, organisèrent une embuscade et tuèrent
tous les soldats américains. Cette embuscade est désormais connue sous
le nom du ‘Massacre de Fetterman’. La victoire de Crazy Horse vint
contester la foi que le Américains avaient en leur armée qu’ils
pensaient invincible.
Au cours des dix années qui suivirent, les Sioux affrontèrent les arpenteurs du chemin de fer, les colons, les chercheurs d’or et les troupes les accompagnant. En 1876, le gouvernement fédéral tenta de confiner de manière permanente les Amérindiens « non coopératifs » dans leurs réserves. Alors que des villages étaient détruits, plusieurs tribus sioux, cheyennes et arapahoes se regroupèrent sous la direction du chef lakota Sitting Bull sur les rives de la rivière Little Bighorn. Lorsque le colonel George Custer découvrit leur campement, il lança une attaque. La bataille qui s’en suivit est tristement connue sous le nom de « Custer’s Last Stand » (l’ultime résistance de Custer).
En 1890, Sitting Bull retourna aux Etats-Unis et des agents pensèrent alors que l’arrêter, ainsi que d’autres chefs de tribus, aiderait à réprimer un mouvement religieux surnommé la « Ghost Dance » (danse des esprits). Mais ses partisans protestèrent contre son arrestation et, dans le tumulte, Sitting Bull fut accidentellement tué par balle, ainsi que huit autres Indiens et six officiers de police. Ses partisans furent capturés, mais pas immédiatement désarmés alors qu’ils étaient conduits dans un camp près de Wounded Knee Creek. Cependant, le lendemain matin, l’incertitude et le manque de communication menèrent à un massacre au cours duquel les soldats américains abattirent au moins 300 Sioux. Un grand nombre d’historiens considère le massacre de Wounded Knee comme la dernière bataille des Guerres Indiennes.
Tous les conflits et les batailles des Guerres Indiennes furent généralement le résultat de l’ouverture des terres indiennes à la colonisation, la conquête des Amérindiens et leur déportation forcée vers des réserves indiennes.
En 1783, les Etats-Unis étaient une nouvelle nation comptant environ 3 millions d’habitants vivant, en grande majorité, le long de la côte atlantique. Les Amérindiens, estimés au nombre de 600 000, contrôlaient la plupart des territoires à l’Ouest des montagnes Appalaches. Vers 1890, un peu plus d’un siècle plus tard, les Etats-Unis s’étendaient de la côte Est à la côte Ouest et comptaient désormais plus de 66 millions d’habitants. Il ne restait alors plus que 250 000 Indiens, vivant en grande partie dans des réserves, comprenant une simple fraction du territoire qu’ils contrôlaient autrefois.
Au cours de ce siècle transitoire, des vagues de colons occidentaux se heurtèrent aux limites des territoires indiens. Cependant, la succession des évènements menant à ce récit de conquête n’était pas sans être inévitable. Le premier président des Etats-Unis, George Washington, et son Secrétaire à la Guerre, Henry Knox, déclarèrent respecter les droits des Indiens et promirent de n’obtenir les terres indiennes pour la colonisation blanche que par traité et achat. Par la suite, des politiciens et philanthropes s’opposèrent également à la politique de déportation d’Andrew Jackson pendant les années 1830. Pourtant, en 1840, la grande majorité des Indiens de l’Est avait été déportée vers des terres à l’Ouest du fleuve Mississippi. Et lors de la seconde moitié du 19e siècle, des fermiers, mineurs et sociétés de chemin de fer, assistés par l’armée des Etats-Unis, empiétèrent sur les territoires qui avaient été soi-disant réservés à perpétuité aux Indiens.
Les Amérindiens étaient sur tous les fronts par les ressources financières et militaires des Anglo-Américains. Mais leur réponse aux évènements ne fut ni unidimensionnelle, ni défaitiste. Certains essayèrent la diplomatie. D’autres se tournèrent vers la religion. D’autres encore tentèrent de dégonfler l’antagonisme blanc en adoptant les valeurs économiques et culturelles de leurs ennemis. Certains s’attaquèrent habilement au système légal. D’autres optèrent avec succès pour la guerre. D’autres même firent des plans philanthropes bien intentionnés, mais ethnocentriques, pour leur assimilation dans une organisation politique de base.
Les Amérindiens subirent une tragédie collective au cours du 19e
siècle. A la fin du 19e siècle, la ‘menace’ indienne sur la frontière
américaine avait été éliminée, en grande partie par la violence.
Vaincues par la guerre et confinées dans des réserves, les nations
indiennes qui occupaient autrefois l’ensemble du continent, avaient été
réduites à seulement 250 000
Commentaires